La lecture à voix haute c’est quoi ? Bizarrement il est plus facile de dire ce qu’elle n’est pas : elle n’est pas conter, elle n’est pas interpréter.
C’est peut-être faire entendre et partager la musique des mots, la respiration des ponctuations, le rythme de l’action, les émotions des protagonistes de l’histoire. Mais en s’attelant au texte, en respectant le support à la lettre.
Serait-ce une forme de retour aux sources, celles de l’apprentissage? Rappelez-vous ces séances de lectures en classe, où vous deviez ânonner des textes dont la pertinence vous paraissait parfois peu évidente. Après bien des souffrances, des suées mémorables, venait l’heure de la lecture silencieuse, le graal suprême qui signifiait que vous saviez lire. Lecteur labellisé, un monde nouveau, multiple vous devenait abordable: Sixième membre du Club des Cinq d’Enid Blyton…. voire cinquième Mousquetaire ! Témoin, complice, approbateur ou pas, envieux ou encore effrayé, vous alliez pouvoir vivre tout ce panel de situations.
Alors, la lecture à voix haute serait-elle une régression ? Un retour à la case départ de notre histoire de lecteur ?
Quand nous venons lire aux enfants, deux mondes de la lecture se confrontent. Eux sont encore dans la phase une; nous, nous sommes devenus des manières d’experts. C’est de cette expérience que nous tenons notre légitimité, c’est elle qui nous oblige à rester dans le périmètre de la lecture et à rendre celle-ci intelligente, à la rendre agréable et à donner envie à notre public de poursuivre le chemin que nous leur faisons entrevoir.
Moment de partage pour montrer le plaisir que nous éprouvons, la lecture à voix haute ne doit pas être surjouée, elle prend racine dans le texte qui nourrit une expression porteuse d’émotions et d’imagination.
Alors, n’oublions jamais que nous ne sommes pas des acteurs ou des conteurs, mais des lecteurs et c’est déjà très beau.